Du 17 septembre au 31 octobre 2013
Cité scolaire Niepce-Balleure
141, avenue Boucicaut71100 Chalon-sur-Saône
Dans le cadre de son ouverture culturelle, à l’initiative de Nathalie PILLON, référent culture et de Sandrine CARNET, professeure d’arts visuels, la Cité Technique Niepce-Balleure accueille « METAL BAZAAR » de Julien Minard, exposition produite par la galerie DOMUS de l’Université Claude Bernard Lyon1, présentée à Villeurbanne en 2010.
Cette exposition s’intègre dans la continuité de l’enseignement des arts appliqués pour les élèves en chaudronnerie industrielle du lycée professionnel Julien de Balleure et dans la continuité de l’enseignement d’exploration Arts visuels des élèves en seconde du lycée Niepce.
Un Portrait de l’Inde
Habituellement, les reportages sur l’Inde nous repaissent du spectacle de foules grouillantes que bigarrent des saris safran ou fuchsia, où se détachent l’impression de sagesse d’une barbe blanche bien lissée, l’innocence d’enfants aux yeux grand ouverts et la misère dans toute sa splendeur.
Le propos de Julien Minard est totalement différent…
Décidé à réaliser un reportage sur ”l’Inde au travail”, après plusieurs périples dans ce pays, il découvre dans le champ de son observation un repaire de ferrailleurs, la casse de New Gujri Bazaar à Mysore, qui représente un véritable microcosme de personnalités parées de signes de leur activité.
Dans ce milieu clos par des tonnes de ferrailles amoncelées à perte de vue, il entreprend une étude originale de portraits dans laquelle chaque personnage est associé à un coin particulier de ce comptoir de rebuts. La série METAL BAZAAR regroupe ainsi des diptyques où chaque portrait est placé vis-à-vis d’un détail de l’immense bazar auquel il semble s’accorder selon une analogie de couleurs ou de lignes.
Chaque présence humaine émerge ainsi du décor de son lieu de vie autant que celui-ci le cerne de toute part jusqu’à déteindre sur lui. Julien Minard fait alterner des plans montrant le cambouis noircissant les mains ou les jambes des travailleurs avec des poses de plainpied manifestant une individualité assumée.
Au-delà du documentaire social qui laisse apparaître les différences de conditions hiérarchiques entre les individus, cette série oppose constamment la vie à la matière, l’humain au non-humain. Métaphore d’une population pléthorique, les accumulations d’objets servent de toile de fond à ces portraits : apprentis ou patrons, les hommes se tiennent assis ou debout au dessus d’empilements de chaînes, de palans, de vilebrequins, de poulies de mouflage, d’engrenages et d’embrayages rongés par la rouille, de courroies, de tenants de portes ou d’impressionnantes colonnes de pneumatiques.
La relation entre ces deux univers antinomiques est opérée par une trouvaille photographique : utilisant un procédé inversible, Julien Minard invente sa couleur. Ainsi, une tonalité sépia couvre la peau des personnages qui s’étend sur les surfaces rouillées environnantes et le même bleu qui émane des plaques de tôles colore aussi les habits des portraiturés. Par là même, c’est le médium photographique seul qui suggère une coexistence entre la présence de l’individu et sa disparition dans le grouillement du monde.
Avec la série METAL BAZAAR, Julien Minard assigne à ses portraits une valeur exemplaire :
plus qu’un témoignage sur les conditions de travail dans une entreprise de recyclage de
matériaux, il rapporte l’image d’un pays. Et, à s’en tenir au genre qu’il a choisi pour la réalisation de son projet, on peut y voir un portrait de l’Inde.
Robert PUJADE
Ce travail a également été montré :
2010 – Pavillon du Verdurier, Limoges, Itinéraires photographiques en Limousin « METAL BAZAAR »
2011 – Centre Valéry Larbaud, Vichy, Flash Expo, Prix du public