Du 28 septembre au 02 novembre 2015
Bibliothèque de l’IUT Lyon 1, site de Bourg-en-Bresse
71 rue Peter Fink
01000 BOURG-EN-BRESSE
Cette exposition, initialement produite et exposée par la Galerie Domus en 2010 a obtenu le Prix du Public du Centre Valéry Larbaud de Vichy en 2011.
Un entrepôt de ferrailleurs à New Gujry (Inde) a donné toute son inspiration à Julien Minard. Il nous offre ici une série de diptyques qui associent des portraits à des espaces de ce Metal Bazaar. Un sens aigu du cadrage, allié à une maîtrise parfaite de la lumière et de la couleur donnent à voir ici d'étonnantes compositions dans lesquelles un étrange mimétisme semble unir les hommes et les matériaux travaillés.
Un Portrait de l’Inde
Habituellement, les reportages sur l’Inde nous repaissent du spectacle de foules grouillantes que bigarrent des saris safran ou fuchsia, où se détachent l’impression de sagesse d’une barbe blanche bien lissée, l’innocence d’enfants aux yeux grand ouverts et la misère dans toute sa splendeur.
Le propos de Julien Minard est totalement différent…
Décidé à réaliser un reportage sur ”l’Inde au travail”, après plusieurs périples dans ce pays, il découvre dans le champ de son observation un repaire de ferrailleurs, la casse de New Gujri Bazaar à Mysore, qui représente un véritable microcosme de personnalités parées de signes de leur activité.
Dans ce milieu clos par des tonnes de ferrailles amoncelées à perte de vue, il entreprend une étude originale de portraits dans laquelle chaque personnage est associé à un coin particulier de ce comptoir de rebuts. La série METAL BAZAAR regroupe ainsi des diptyques où chaque portrait est placé vis-à-vis d’un détail de l’immense bazar auquel il semble s’accorder selon une analogie de couleurs ou de lignes.
Chaque présence humaine émerge ainsi du décor de son lieu de vie autant que celui-ci le cerne de toute part jusqu’à déteindre sur lui. Julien Minard fait alterner des plans montrant le cambouis noircissant les mains ou les jambes des travailleurs avec des poses de plainpied manifestant une individualité assumée.
Au-delà du documentaire social qui laisse apparaître les différences de conditions hiérarchiques entre les individus, cette série oppose constamment la vie à la matière, l’humain au non-humain. Métaphore d’une population pléthorique, les accumulations d’objets servent de toile de fond à ces portraits : apprentis ou patrons, les hommes se tiennent assis ou debout au dessus d’empilements de chaînes, de palans, de vilebrequins, de poulies de mouflage, d’engrenages et d’embrayages rongés par la rouille, de courroies, de tenants de portes ou d’impressionnantes colonnes de pneumatiques.
La relation entre ces deux univers antinomiques est opérée par une trouvaille photographique : utilisant un procédé inversible, Julien Minard invente sa couleur. Ainsi, une tonalité sépia couvre la peau des personnages qui s’étend sur les surfaces rouillées environnantes et le même bleu qui émane des plaques de tôles colore aussi les habits des portraiturés. Par là même, c’est le médium photographique seul qui suggère une coexistence entre la présence de l’individu et sa disparition dans le grouillement du monde.
Avec la série METAL BAZAAR, Julien Minard assigne à ses portraits une valeur exemplaire :
plus qu’un témoignage sur les conditions de travail dans une entreprise de recyclage de
matériaux, il rapporte l’image d’un pays. Et, à s’en tenir au genre qu’il a choisi pour la réalisation de son projet, on peut y voir un portrait de l’Inde.
Robert PUJADE
Ce travail a également été montré :
2010 – Pavillon du Verdurier, Limoges, Itinéraires photographiques en Limousin « METAL BAZAAR »
2011 – Centre Valéry Larbaud, Vichy, Flash Expo, Prix du public
2013 – Cité Scolaire Niepce-Balleure – Chalon sur Saône