Archives de catégorie : Expositions

Lucie JEAN – Quartiers d’hiver

du 19 janvier au 3 mars 2017

Vernissage le jeudi 19 janvier 2017 à 18h00, en présence de l’artiste

Projet réalisé lors d’une résidence artistique à Langage Plus, 
Centre d'art actuel d’Alma, Québec ; en collaboration avec le Centre Sagamie,
dans le cadre des programmes Map et PÉPINIÈRES IN NETWORKING 
des Pépinières européennes pour jeunes artistes,
Projet cofinancé par "Europe Créative" de l’Union européenne
et une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Nord du Québec, région du Saguenay ‐Lac‐Saint‐Jean. Il faut bien habiter l’hiver.
Prendre son parti de tout ce blanc qui ne veut pas refluer.
Et comme on se jette à l’eau, se jeter dans ce froid qui ne pince même plus,
engourdi de lui‐même.
[…]
C’est à une balade sur ce territoire que nous convie Lucie Jean, qui suit sa propre trace émerveillée entre banquise rêvée et camping des flots blancs.
Manuel George

Couleurs du silence

Des paysages du Grand Nord photographiés par Lucie Jean,
on ne retient de prime abord que la forme de tableaux où de larges plages de couleurs claires se différencient par de subtiles tonalités. La blancheur des vastes étendues de banquise, ombrée par endroits, côtoie les masses grisées des nuages qui occultent partiellement un ciel bleu pâle.
C’est dans ce cadre qu’on dirait informel ou abstrait, s’il s’agissait de peinture,
que la photographie discerne des signes de présence humaine,
de petites habitations solitaires dans un désert de glace.

Les plans choisis par Lucie Jean, qu’ils soient éloignés ou rapprochés,
amplifient l’impression de silence qui règne autour de ces lieux de vie. Quand ils sont vus dans l’immensité des vallées glaciaires, ces édicules semblent inaccessibles comme le leurre des mirages
et ils forment de petites taches vives qui, contrastant avec l’uniformité froide du paysage,
intensifient l’effet d’une composition informelle. Quand l’objectif se rapproche
de ces macules perdues dans le fond clair, il révèle des abris aux allures les plus diverses :
une remorque reposée sur trois crics, une roulotte, un petit mobil-home surmonté d’une cheminée,
un wigwam, un appentis peint en bleu ou tout simplement une cabane faite de quatre planches.
Ces cahutes ne constituent pas un village ; elles marquent chacune leur place
par des couleurs chatoyantes dans la neige qui s’étend à perte de vue.

Lucie Jean a pourtant aligné et regroupé en colonnes ces maisons d’un autre monde
en utilisant un dispositif de présentation proche de celui de Bernd et Hilla Becher pour leurs photographies de bâtiments industriels. Mais tandis que les séries des photographes allemands mettaient en évidence la similarité typologique des édifices, les séries de Lucie Jean manifestent,
au contraire, la singularité de cet habitat aussi bien dans les matériaux employés
que dans les couleurs librement choisies par leurs propriétaires.
Rien ne se répète dans ces séries qui sont avant tout centrées sur un mode de vie.

La photographe a séjourné pendant deux mois d’hiver auprès des populations de la région du Saguenay-Lac-Saint Jean, où, chaque année, des familles ou des personnes solitaires prennent leurs quartiers d’hiver dans ces abris faits de bric et de broc. La « pêche blanche » qui se pratique à l’intérieur même de ces cabanes est l’occasion de cette migration. Tout le talent de Lucie Jean consiste à raconter cette histoire, à en produire un reportage à partir d’un cheminement esthétique remarquable.

Robert Pujade

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Manifestation associée :

à l’ Enssib  :
Winter – Photographies de Jean Vannier

Les photographies de l’exposition Winter ont été prises au cours de promenades hivernales dans des environnements variés : le Queyras près d’Abriès, le parc de la Tête d’Or
ou les pentes de la Croix-Rousse à Lyon. Des atmosphères hivernales sont restituées grâce à une technique particulière de prise de vue. Le photographe utilise son appareil photo comme un pinceau de calligraphie pour balayer le paysage le temps d’une pause un peu longue.

Jean Vannier est paléontologue à l’université Claude-Bernard Lyon 1,
au laboratoire de géologie de Lyon “Terre, Planètes, Environnement”.

Jeunes photographes aux temps présents

du 6 décembre 2016 au 13 janvier 2017

Enssib : Laure Abouaf –  Guillaume Ducreux – Zacharie Gaudrillot-Roy.
Domus : Mélania Avanzato – Hélène Katz – Antoine Ligier.

Vernissage en présence des artistes le mardi 6 décembre :
18h00 à l’Enssib
18h30 à la Galerie Domus

Les temps Par les temps qui courent
Courent-ils vite Où courent-ils
Les temps présents
Présents aux temps
Des images cueillies dérobées
silencieusement recueillies
dans les plis des temps
des temps présents
Des images à la tire au vol
au contraire réfléchies longtemps
De jeunes personnes aux regards habités
légers décalés pénétrants
tous réfléchissants
De jeunes personnes qui réfléchissent
les temps présents

Marie Noëlle Taine


Laure Abouaf
Japon 2015

Laure Abouaf - Tokyon 2015

L’ordre et l’impermanence
C’est en gaijin que Laure Abouaf appréhende le Japon, en “personne extérieure”, éclairée,
qui se sent depuis longtemps une
proximité avec ce pays. […]
Une sensation ressentie par toute personne ayant vécu ou juste traversé Tokyo, ou d’autres grandes villes nippones. Tokyo est une ville où il est difficile d’accrocher ses nostalgies, disait Phillippe Pons, et c’est pourtant ce tour de force que réussit Laure Abouaf dans ses images japonaises, un état subtil entre le mono no aware, ce concept spirituel et esthétique qui décrit une empathie pour les choses, une sensibilité pour l’éphémère,
et la conscience du carcan d’une harmonie quasi obligatoire..
[…]
Mélania Avanzato


Guillaume Ducreux
Black sunflowers

“Dans l’à peu près d’une existence.
Fixer pour mieux me raccrocher
à ce qui est déjà loin.
Les ombres m’illuminent.
Ce soleil noir me pousse sur une route sans fin.
De l’aurore au crépuscule
tout est vaporeux et distant.
Comme un cri dans la brume, je respire.”
[…]
Mes paysages intérieurs et leurs échos se font face dans une troublante singularité
Sensations viscérales qui surgissent comme une évidence au détour d’un virage. Une vérité flottant loin là-bas dans les brumes de l’horizon.
[…]
Guillaume Ducreux


Zacharie Gaudrillot-Roy
Dusk to dawn

FADE IN : EXT. LOS ANGELES – NIGHT

Un parking vide perché au dessus de la ville, les lumières d’une vie distante
scintillent au loin, âmes perdues dans
le brouillard urbain.
Le décor est planté.
[…]
Là bas, un lampadaire accueille le spectacle vide d’une dramaturgie latente.
Quelque chose s’est sûrement passé ici… ou peut-être que cela va arriver. […]
Les regards se dirigent vers le lointain, nous attendons la suite,
une possible scène, un dénouement.
Mais l’action reste hors champ.



FADE OUT.



Mélania Avanzato
Substrat

empreintes des temps enfouis
 […]
dans le flot des choses vues, où l’intérêt est suspendu au profit de l’émotion, il se crée des images extraites de moments que l’on voudrait toujours revivre pour la première fois.
Ces photographies sont une couche sous-jacente, terrain primitif, presque naïf, sur lequel pousseront des images plus organisées.
[…]
Substrat accueille les accidents, les intuitions errantes d’avant la pensée construite.

Mélania Avanzato


Hélène Katz
Corps & âme

Quelques horizontales, verticales et obliques, des regards lascifs ou joueurs. Des personnalités singulières en somme.
Hélène Katz a extirpé de son journal de photographe lyonnaise ce qu’elle considère comme son parcours particulier. C’est sa vie de citadine qui se retrouve projetée parmi une nuée d’images, au sein de laquelle les sujets tentent en vain de s’évader. Par le jeu essentiellement, par des dissonances stylistiques, qu’elles soient voulues ou non. À mesure que l’on suit les photos d’Hélène, on remarque que des affirmations d’appartenance se constituent entre l’urbain et son décorum.
Elle révèle des situations cocasses qui rendent leur humour au béton.

Gregory PYRUS


Antoine Ligier
Madame Arthur, histoire d’une disparition

Madame Arthur, cabaret transformiste de la rue des Martyrs, à Pigalle, représentait une certaine identité parisienne. Celle d’une nuit joyeuse, exubérante et créative. Une nuit qui a, pendant si longtemps, fait la renommée de Paris, la ville lumière.
Madame Arthur est morte.
Cette série de 10 photographies a été réalisée en 2012.
Aux côtés de Marc, transformiste orphelin de Mme Arthur, et au sein même du cabaret à l’abandon… C’est l’histoire d’une disparition.

Antoine LIGIER

Julien MINARD – Distance

du 22 septembre au 24 novembre 2016

Café photo, en présence de l’artiste Julien Minard le 8 novembre de 13h à 14h à la Galerie Domus !

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« Les photos ont été faites lors de voyages entre 2007 et 2016. 
J‘ai choisi, pour constituer cette série, des photographies qui évoquent l’idée d’absence, soit individuellement, soit de façon plus narrative dans leur rapprochement avec d’autres. 
Le titre provient du film du même nom de Kore-Eda. Cet auteur, parmi d’autres réalisateurs japonais, est une référence importante pour moi. 
Il se trouve que ce film traite aussi de la disparition,  et donc de l’absence. »

Julien Minard

Morceaux choisis du villégiateur

Au premier abord, la série Distance de Julien Minard déconcerte les amateurs de son œuvre habitués à ses périples à travers le monde et en Asie en particulier…

[…]

La diversité des sujets photographiés propose donc bien des instances de distanciation, mais la distance qui donne son titre à la série est d’une autre nature. Julien Minard prend soin, en photographiant un fjord, de saisir le miroitement complet de la vallée dans la mer, de manière à opposer la réalité et son image dans une seule et même vue. Ce reflet qui mène à l’image est la métaphore d’une distance avec lui-même, d’une prise de conscience que photographier ne consiste pas seulement à raconter le monde, mais à le représenter quand il s’est réfléchi à travers soi.
Les images choisies pour la série Distance ne nous révèlent  pas autre chose que ce secret : il faut parfois aller très loin, voyager beaucoup pour se trouver au-devant de l’image que l’on possède déjà en soi-même.

Robert Pujade

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Sandrine LAROCHE – Mirage

du 7 juin au 26 juillet 2016

Vernissage le jeudi 9 juin 2016 à 18h30, en présence de l’artiste

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“Mirage” est une série d’autoportraits fantastiques et mouvants. L’être, rendu insaisissable par la longue pose, se métamorphose. Le temps s’imprime sur l’image fixe, dans les mouvements d’un corps, qui, petit à petit, s’épanouit. Chemin faisant, la jeune photographe Sandrine Laroche nous conduit aux frontières du réel et du mystère de soi.

L’épreuve du mirage

Peut-on attribuer à l’autoportrait les caractéristiques du portrait psychologique ? Nadar, en maître de la lumière qu’il était, s’y est essayé en modifiant l’expression de son visage selon des tonalités claires ou obscures jusqu’à décliner une variation de mimiques émotionnelles. Mais l’entreprise n’est pas simple, car elle suppose que les états d’âme puissent s’inscrire en marques visibles sur le corps et qu’alors, une lecture obvie de la psychè soit rendue possible. Sandrine Laroche a voulu affronter ce défi à partir de plusieurs stratégies visuelles. Dans la série Fantasmagories, elle rehausse par des signes de vie des tirages photographiques effectués à partir de radiographies. Avec la série De Profondis, elle applique son regard à fleur de peau : elle associe la beauté des formes du corps nu aux dégradations superficielles d’un mur délabré. Dans chaque image, la surimpression parfaitement maîtrisée modifie radicalement la surface de la peau, lui prêtant des lézardes, des fissures, des ébrèchements, des granulations et des déchirures qui, loin de paraître rapportées, se présentent comme des efflorescences ou des émergences d’une détérioration intime et profonde.

Aussi splendides que soient ces premières approches, elles ne constituent que les étapes d’un projet perfectible où le corps, seul en scène, projetterait lui-même quelques indices de lecture des passions de l’âme. Sandrine Laroche a développé cette nouvelle visibilité dans une série de photographies qu’elle intitule Mirage. Ce titre, qui peut paraître surprenant, constitue en réalité un guide de lecture des photographies, Continuer la lecture

Pascal MICHALON – Campus [hors saison]

du 15 mars au 22 avril 2016

Vernissage le jeudi 17 mars 2016, en présence de l’artiste

” Souvent j’ai eu le sentiment de ne photographier que des décors de cinéma en attente du retour des acteurs. Est-ce dû à mon admiration pour ceux qu’Alexandre Trauner
a réalisés avec talent que je photographie ces paysages vides ? […]
Il me semble cependant que c’est dans ces instants dénués de nécessité que les lieux,
dans leur paisible vacuité, s’offrent à nous et laissent plus volontiers transparaître
leurs fonctionnements intimes…”

Pascal Michalon

 

Les focalises de Pascal Michalon

Le silence est un sujet de prédilection dans la photographie de Pascal Michalon. Ce qui le pousse à hanter les banlieues le dimanche ou les plages du Sud en hiver est cette même puissance d’attraction qu’exerce sur lui le brusque fading des endroits fréquentés. Sa visite photographique au Campus de la Doua, son lieu de travail quotidien, s’est effectuée suivant cette même intention, pendant les jours non ouvrables de l’été, aux heures où la vie semble s’être arrêtée. Seul, sans conversation possible avec quiconque, sans la gêne des déambulations des piétons et du trafic, il engage un dialogue par l’image avec cet endroit familier déserté.

A ne s’en tenir qu’aux points de vue d’ensemble, le Campus se présente comme un spécimen singulier de ce phénomène historique et social du « camp » : l’objectif peut se centrer n’importe où, il n’est de circonférence nulle part. Les vues d’ensemble portent la marque obsessionnelle de l’enfermement qu’on retrouve dans les lieux de détention ou de santé publique et l’absence d’un horizon unique laisse la place à une pluralité de limes délimitant des territoires aux superficies variables qui, pourtant, se ressemblent tous. A cela se rajoute une tendance générale à la monochromie, en dépit de quelques irruptions de verdure, variant entre gris et beige, et sur le plan graphique une domination des parallèles et des perpendiculaires qui affectent aussi bien le bâti que les lieux de déambulation. Tel est le cadre inamovible à l’intérieur duquel Pascal Michalon a réalisé sa série.

On peut admirer chacune de ces photographies sans faire référence à la réalité qu’elles illustrent…

… car les compositions chromatiques et graphiques du photographe produisent une multiplicité de tableaux anonymes qui ne renvoient qu’à sa propre vision. La restitution de cette vision personnelle s’accomplit tout d’abord par l’usage d’un format carré qui rassemble en une contiguïté choisie les éléments épars qu’il juge opportun de rapprocher. Le bleu délavé et délabré d’une place de parking pour handicapés apporte ainsi une lumière suave à l’alignement austère d’une enfilade de fenêtres closes par des stores grisâtres. Dans les recoins éloignés des allées principales, Pascal Michalon porte une attention singulière à des assemblages de matériaux dont les couleurs acquièrent dans son cadre une harmonie insoupçonnée. Un appentis bancal, appuyé sur trois au quatre parpaings, devient une pièce d’art abstrait grâce au bleu ardoise d’une façade qui le cache à la vue des passants. La porte jaune bordée de PVC blanc, le gris étain de son mur de placo et des carrés diversement découpés rutilent comme dans une peinture de Malevitch.

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Aurélie PÉTREL – Simulation

du 26 janvier au 5 mars 2016 

Galerie DOMUS et Enssib

Vernissage le mercredi 27 janvier 2016, en présence de l’artiste :

  • Enssib : 17 h 30
  • Domus : 18 h 30

Exposition présentée en collaboration avec :
la Galerie HOUG et Les Turbulences-FRAC Centre

” Aurélie Pétrel questionne l’image photographique, ses modes de production, sa (re)présentation et son activation sous forme d’installations. Posant la notion de “partition photographique”,  l’artiste impulse un travail d’écriture étiré dans l’espace et le temps, où chaque prise de vue prend son sens et se constitue en tant que création matérielle “à venir”. Ce travail de mise en mouvement de l’acte photographique tient pour Aurélie Pétrel du cheminement de l’expérience et de la pensée ; il présuppose une conscience toujours en éveil, cherchant à saisir, au gré des rencontres et des situations, de possibles voies d'”activation” de ses prises de vues. Conservées à l’état “latent” sous formes de fichiers numériques ou de tirages classés dans des boîtes phibox, celles-ci sont, le moment venu, transposées à une échelle tridimensionnelle, l’artiste opérant un transfert de la planéité au volume et à l’architecture.

Les dispositifs conçus par Aurélie Pétrel assimilent l’espace à un savant jeu de construction où l’architecture participe d’une expérience multiple et stratifiée de la vision. Sujet omniprésent de ses compositions depuis les débuts (paysages ou éléments de mobilier urbains,  bâtiments industriels,  scènes d’intérieurs…), l’architecture intervient de fait comme outil de définition et de structuration des dispositifs de l’artiste, à partir duquel se construit pour le visiteur un parcours d’expérience et de visibilité. Mais en connectant ainsi l’image, le système d’activation qui la supporte, et l’espace d’exposition, l’architecture est aussi facteur d’indétermination, brouillant les limites entre sujet, objet et environnement.

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Galerie Domus :

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© Aurélie Pétrel

Impressio Imprimer le réel
Vue d’exposition – Atelier Rouart, Paris, 2015

Enssib :

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© Aurélie Pétrel

 Table Simulation #01, 2015

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Œuvre conçue en collaboration avec l’équipe du FRAC Centre – Val de Loire,
dans le cadre du projet de programmation Relief(s) d’avril à septembre 2015

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Formellement inspiré de la pièce “Partition : explosion” (Galerie Houg, 2015), ce dispositif marque une nouvelle étape dans la pratique d’Aurélie Pétrel, qui intègre ici pour la première fois des œuvres d’autres créateurs à ses installations. Elle chemine au contact d’une collection dédiée à l’architecture expérimentale (qu’elle définit comme une source d’inspiration essentielle dans son parcours personnel) ; une collection d’objets avec laquelle composer, distincte de sa propre banque d’images, mais qui comme celle-ci,  envisage l’artefact dans une dimension prospective, dans un devenir espace.

En septembre 2015,  après le démontage de l’exposition et dans le cadre du mini-festival venant clore le cycle Relief(s), Aurélie Pétrel réinvestit son dispositif en substituant aux œuvres de la collection des traces de son passage aux Turbulences-Frac Centre.  Deuxième temps d’activation, “Table simulation #2” synthétise 8 mois de collaboration et de prises de vues sous forme d’impressions sur divers supports et de tirages, rendus “visibles” sur l’ensemble des plans ou conservés dans des boîtes d’archives, préfigurant un principe combinatoire et performatif.

L’intérêt marqué de l’artiste pour le langage, les pratiques et les conventions muséographiques y transparaît dans plusieurs séries d’images, saisissant les changements d’état des oeuvres, de la réserve à la galerie, du meuble à plans à la cimaise, puis enregistrant le mouvement inverse. La réserve, espace latent de la collection, où s’originent et aboutissent ses activations matérielles, constitue pour l’artiste un lieu paradigmatique autant qu’un théâtre d’interventions. L’équipe du Frac s’est donc prêté au jeu proposé : rendre visible et activer 10 pièces de la collection le temps d’une séance de prises de vue. Le déplacement puis l’ouverture des caisses par le régisseur, la manipulation des oeuvres et leur examen par le chargé des collections et les commissaires, prend la forme d’une chorégraphie où s’entremêlent la procédure, le geste et le savoir-faire.”

Emmanuelle Chiappone-Piriou et Aurélien Vernant
Commissaires des expositions, Cycle « Relief(s) », Les Turbulences-Frac Centre, 2015

Aurélie PÉTREL

née en 1980, vit et travaille à Paris et Genève
outre son travail de création, elle est, depuis 2012, professeure et responsable du Pool Photo, HEAD, Genève
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Cédric VIGNEAULT – Dans l’oeil de Naples

du 1er décembre 2015 au 15 janvier 2016

Vernissage le jeudi 3 décembre 2015 à 18h30, en présence de l’artiste

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© Cédric Vigneault

Naples, née Parthénope, se nourrit de mythologie depuis sa création et alimente un panthéon au culte vivace. Les figures sont parfois religieuses comme Saint Janvier ou Padre Pio. Mais le plus souvent elles relèvent d’une forme d’animisme : les crânes, Maradonna, le cheval de Virgile, les chanteurs neo-melodico ou encore la camorra.

© Cédric Vigneault

 Qui arpente les rues se retrouve au centre de cette spiritualité polymorphe, de cet “Oeil de la Providence” (tel que le qualifie l’écrivain Gustav Herling) qui peut tour à tour se révéler bienveillant ou funeste. On l’enrichit de ses propres fantasmes et à chaque pas on se laisse porter dans l’inconscient d’une ville.

 Dans l’oeil de Naples est composé de 30 photographies et d’un film (montage de sons pris à Naples et de photographies).

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© Cédric Vigneault

 

Cédric Vigneault est photographe depuis mai 2002. Il a réalisé et exposé différents travaux dont « Ceci n’est pas Cuba », « Veni vidi vixi », « Taccuino veneziano », « Chroniques parisiennes », « Camp de concentration pour population tsigane de Montreuil–Bellay », « La peau de Brest »,
« La salle des pas perdus…pour tout le monde ».

Christophe Guery – Le Corbusier, espaces communs, espaces partagés

du 22 septembre au 30 novembre 2015

en résonance avec la Biennale de Lyon 2015
Vernissage le 22 septembre 2015 à 18h30, en présence de l’artiste

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© Christophe Guery, avec l’aimable autorisation de la Fondation Le Corbusier

« Les cousins les plus proches des photographes sont les architectes. (…) 
Comme nous ils naviguent entre les pleins et les vides, dans les questions de lumière, de lignes et de mouvement ; dans la recherche de cohérence entre son propre 
mode de vie, son idéologie,son histoire. Et tout cela finit par se relier. 
(…) la photo a le pouvoir de produire  des images (…) qui sont des fractions 
de secondes qui racontent des histoires complètes.»

Sebastião Salgado,
De ma terre à la terre, chemin faisant,  
Presses de la Renaissance, 2013

 

Ces mots accompagnent parfaitement la fascination du photographe Christophe Guery pour
Le Corbusier. Il nous invite ainsi aujourd’hui dans ces lieux souvent mal regardés, mal vus,
que sont les passages, les entre-deux…  Modelant les ombres et les lumières, il nous fait circuler dans les couleurs chères à l’architecte.
Si ses photos nous imposent une approche parfois brutale, elles révèlent aussi son cheminement vers une abstraction poétique et des obsessions de lignes.
Espaces communs, partagés, espaces sans qualités ?

 

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© Christophe Guery, avec l’aimable autorisation de la Fondation Le Corbusier

C’est vrai, j’ai toujours cette fascination pour le côté désuet des couloirs, des boîtes aux lettres, des signalétiques… tout autant que pour les lignes dépouillées qui ouvrent sur l’ailleurs.
De lieux en lieux ce sont ces passages qui m’attirent de jour comme de nuit. Certains nous enferment dans leur silence sombre, pourtant irradié par des touches rouges ou jaunes. D’autres nous perdent entre dedans et dehors, trompés par les transparences. D’autres encore ouvrent sur des couleurs lumineuses et nous conduisent en plein soleil. L’inattendu nous surprend souvent.
Le jeu des lignes et des couleurs donne vie… Des objets extraordinaires
– comme la lampe de Xenakis – s’invitent sur le parcours.

De l’ombre à la lumière nous sommes dans l’œuvre, le regard captivé de l’intérieur ou tourné vers l’extérieur. Oubliant l’apparente neutralité des lignes de béton, la luminosité du blanc méditerranéen, je jette un dernier regard de l’extérieur, sur les ouvertures colorées et ce cheminement résonne avec mon propre parcours, ma quête d’ouverture…

Christophe Guery

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© Christophe Guery, avec l’aimable autorisation de la Fondation Le Corbusier

Nicolas Coltice – Fragments du sensible

du 9 juin au 24 juillet 2015
Vernissage le mardi 9 juin à 18h30

photo_site_nicolas” Présence attentive et silencieuse, Nicolas Coltice promène son regard comme dans un film devant une réalité par définition imposée. Derrière le viseur, se tenant toujours à respectueuse distance, il transforme cette matière pour la rendre intime et faire naître des moments sensibles où la couleur est absente, comme pour ne garder – et ne montrer – que l’essentiel. Un essentiel qu’il faut chercher au fond de soi autant que sur l’image. De ces bouts de film, de ces séquences, des ces images, parfois sous l’apparence de la banalité, il sourd une poésie, à la fois ténue et prégnante, pour qui sait en franchir le seuil. Nicolas Coltice finit par nous guider vers une réalité qui est la sienne et dans laquelle il faudrait bien se rappeler, à l’instar de Gilles Deleuze, que « l’ordre apparent peut être renversé ».

Marie Noëlle Taine

Nicolas Coltice a 39 ans, il est professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1, en géologie…

Claudine Doury – Loulan Beauty

Du 16 mars au 24 avril 2015

Galerie DOMUS
Rencontre avec l’artiste le mercredi 8 avril à 12h45

©Claudine Doury/Agence VU'/La Galerie Particulière

©Claudine Doury/Agence VU’/La Galerie Particulière

Le projet Loulan Beauty de Claudine Doury prolonge l’approche documentaire qu’elle a menée dans l’ancienne Union Soviétique, particulièrement en Sibérie et en Ukraine. Le nom d’emprunt de cette série photographique fait tout d’abord référence à un ancien royaume situé aux confins de l’Asie Centrale et de la Chine, dans l’actuelle province de Xinjiang, mais aussi au surnom donné à l’une des quelques deux cents momies découvertes en parfait état de conservation dans cette région à la fin du 20ème siècle.

Loulan Beauty est une femme aux cheveux longs, aux pommettes saillantes et au nez proéminent, ce qui ne lui confère pas les caractéristiques physiques du type chinois et, pour ces raisons elle est l’innocente responsable de disputes contemporaines, historico-politiques, destinées à répondre à la question : quels furent les premiers habitants de ces contrées inhospitalières de la Chine de l’Ouest ?

Plus de quatre mille années séparent le reportage photographique de cette découverte archéologique et le titre choisi par Claudine Doury est un repère temporel qui mesure l’étendue de son observation : dans une visée diachronique, la photographe part à la recherche des ethnies multiples qui se sont succédées au cours des millénaires et qui ont laissé leur empreinte dans la culture d’aujourd’hui.

Loulan Beauty représente aussi le symbole qui illustre la démarche documentaire de Claudine Doury, et de son point de vue féminin dans le reportage qui se remarque sur le plan méthodologique, tout d’abord : la photographe ne se contente pas d’une simple visite auprès des habitants du Kazakhstan ou de l’Ouzbékistan, elle partage la vie quotidienne des communautés féminines qu’elle fréquente sur le long terme. Les prises de vue sont l’aboutissement d’un apprentissage sur le terrain des modes de vie et du travail des personnes qu’elle côtoie. Sur le plan des sujets photographiés, on remarque une attention particulière portée à la condition féminine : on peut voir, en effet, de jeunes femmes appliquées à la confection de vêtements poursuivant des usages ancestraux. Et, dans le fil narratif de son parcours, des portraits de petites filles en tenue d’écolière ou d’adolescentes pensives sont pris de manière frontale et constituent des moments de recueillement ou de réflexion dans l’histoire de la condition féminine.

La forme narrative de cette approche documentaire tient aussi au fait que le passé semble toujours persistant dans le présent photographié. On remarque les effets miroirs produits par des images dans l’image : La Famille de Silkhon, par exemple, représente un mur recouvert de photographies de différentes époques, ou la petite Madina qui pose en un plan rapproché tenant dans ses mains un portrait de sa mère. Mais pour Claudine Doury, les couleurs et la lumière qu’elle recueille de façon très personnalisée permettent une retranscription poétique de la vie qui semble défier le temps : couleurs parfois crayeuses comme dans certaines vues en technicolor d’autrefois ou fortement contrastées quand dans une même photo le registre pastel s’allie aux tonalités les plus vives.

Dans Loulan Beauty la photographie accompagne bien un périple géographique – le voyage qu’effectue la photographe en Asie Centrale – mais elle se lance à travers tous les moyens qui lui sont propres dans une traversée du temps. Les paysages qui jalonnent cette série ne sont pas seulement le décor contextuel des histoires de vies mais des espaces en mutations, comme la mer d’Aral devenue désertique ou ces minarets qui surplombent le déluge de sable écoulé dans ces terres depuis des siècles.

Le projet photographique de Claudine Doury intervient lui-même dans une période de transformation liée à la chute de l’Empire soviétique qui favorise les retours à la tradition. Ces changements politiques récents inspirent à la photographe une géo-poétique, un conte d’images où les souvenirs archaïques affleurent au présent pour construire le rêve d’un avenir incertain.

Robert Pujade