Claudine Doury – Sasha

Du 7 avril au 2 mai 2015

GALERIE BU

Bibliothèque Universitaire
Domaine Scientifique de la Doua

©Claudine Doury/Agence VU'/La Galerie Particulière

©Claudine Doury/Agence VU’/La Galerie Particulière

Sacha, qui fut petite fille, a grandi. Sacha devient une jeune fille et se cherche aussi bien dans le miroir que dans le territoire qui fut celui, originel, de sa mère. Un territoire de forêt, de magie et d’images donc, de ces territoires dans lesquels on peut inventer contes et illusions, croiser des elfes et recouvrir de boue son corps qui change, qui devient un instant statue éphémère et sort ensuite de sa gangue. Un monde aquatique aussi, comme pour une renaissance dont la pureté se parera de robes blanches pour fêtes de contes de fées d’un autre âge. On pourra marcher sur les eaux, en avoir l’illusion au moins, comme l’on rêvait, plus jeune, de voler. On pourra ressortir de l’eau, en compagnie de la copine, l’amie, le double, coiffées d’algues vertes, devenues le temps d’une baignade des personnages sans identité dans une nature intouchée. Il y aura la tentation d’Ophélie quand l’eau, parfaitement étale, en miroir, laissera apparaître le seul visage et une certaine gravité. Comme souvent, on sentira que tout se passe à l’intérieur, qu’il s’agit d’indicible. On pourra jouer, à la limite du cauchemar qui  guette tous les rêves, s’enterrer à moitié dans le grand champ d’herbe, puis redevenir une autre et s’attarder, sérieuse, à contempler les limaces qui ne font pas vraiment la course. On pourra détenir le renard mais on s’enfuira dans un grand envol de poussière blanche, de bribes de temps. Puis, un jour, on coupera la tresse blonde et on la conservera comme la photographie conserve dans le miroir l’image du visage. Son visage ? Un autre visage ? Temps de doute.

Christian Caujolle