Rajak OHANIAN – Portrait d’une P.M.E.

Du 16 janvier au 28 février 2014

En 1999, Rajak Ohanian s’installe pendant six mois dans une entreprise d’impression sur tissu de la région lyonnaise. Il y réalise le portrait des trente-deux membres du personnel, ainsi qu’une série de photographies de l’usine.

L'USINE 2-02KRUCZEK- Marc

 

 

 

 

 

 

 

La lumière est naturelle…

” La lumière est naturelle. Il a donc fallu consentir aux caprices du temps, du temps météorologique. Il a fallu consentir, aussi, au rite et au temps de la pose. …
[…]

Et cependant , ici, nul dais à baldaquin, nul manteau royal. Pas même d’habit du dimanche. Le vêtement est celui-là “de tous les jours”, de l’un de ces jours ordinaires, de ces jours ouvrés qui n’appellent nul apprêt ou afféterie ; mais plutôt le simple confort, la protection contre le risque, la tolérance à la souillure. L’un de ces jours de prise de vue, comme un autre jour parmi les jours ouvrés.
[…]

Nous sommes dans le temps propre de la posture à laquelle chacun aura consenti : il a été posé. Que chacun aura adoptée : il pose. Face à l’opérateur. Dos au motif textile aléatoirement disposé. Jambes rarement écartées. Mains le plus souvent à l’aplomb du corps : paume aux trois quarts ouverte, paume à demi fermée, paume cachée ; les pouces, les doigts effleurant le tissu du pantalon.
[…]

Nous sommes dans le temps d’une rémanence. Rémanence d’une certaine chimie de la photographie : le temps de l’argentique ; le temps du Noir et Blanc et du doux « éboulis » de ses nuances. De l’ennoblissement par la transposition du motif dans le monde achromatique du dessin, de la gravure.
[…]

Par le truchement d’un photographe-processeur nous nous serons fait une « idée » d’une PME. Est advenue, en sus, par ce truchement, comme une ”démophanie” : l’apparaître, non d’hommes illustres, mais d’un ”peuple” ordinaire et ordinairement caché.

Philippe DUJARDIN – Juin 2001