Archives de l’auteur : Noël Podevigne

AILLEURS… ailleurs

Du 17 septembre au 31 octobre 2013
IUT CHALON-SUR-SAÔNE – Département GIM

1, Allée des Granges Forestier
71100 Chalon-sur-Saône

Grâce à l’invitation de Gianni PILLON, maître de conférences,  les étudiants et les personnels de l’IUT de Chalon-sur-Saône vont découvrir une sélection des images de l’exposition présentée à DOMUS en mars-avril dernier.

© Julien MINARD

© Julien MINARD

« … Dans un autre lieu. Autre part. L’ailleurs par définition est vague. Il n’est ni ici, ni là. Et pourtant…  » (Marie Noëlle Taine)

 

Lucile VAREILLES – Dit ist mein Berlin

Du 2 septembre au 25 octobre 2013
Bibliothèque de l’IUT – site de Bourg en Bresse

Présentées en 2011 à DOMUS, les images du parcours poétique berlinois de Lucile Vareilles retrouvent les cimaises, à la Bibliothèque de l’IUT Lyon 1 à Bourg en Bresse, grâce à la complicité de la conservatrice, Isabelle Landry, et au soutien de l’équipe de direction du site.

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dit ist mein Berlin

Pour qui aime les voyages et la photographie, une ville prestigieuse n’est remarquable qu’en dehors des images publiques qui nous font faire le tour de ce qu’il faut absolument avoir vu afin de ne pas verser dans l’errance qui nous ferait perdre notre temps. En général, ces cartes postales et autres vues qui suivent ce principe d’économie du temps de loisir sont explicites et bien cadrées ; elles nous dispenseraient, à bien des égards, de faire le déplacement s’il ne fallait pas se plier à l’obligation de se rendre sur les lieux pour démontrer, en tentant de les plagier, que nous y fûmes. C’est dans la poursuite de cette perte de temps consacrée à l’errance que Lucile Vareilles a collecté une série d’impressions, liées aux apparitions soudaines des couleurs et des formes de son quotidien, qui déconstruisent les icônes officielles et nous proposent un Berlin bien à elle et pourtant proche de nous. Le titre donné à la série, Dit ist mein Berlin, revendique ce reportage d’un style inédit, celui de l’intimité d’un regard qui se cherche en même temps que la ville se découvre à lui, sans trajet préétabli, sans allégeance aux diktats touristiques.

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Marie Noëlle TAINE – Quotidiens singuliers

du 12 juin au 24 juillet 2013

La ”photographie de rue”, malgré les guillemets qu’on lui accole, malgré le sobriquet pseudo-scientifique de Street-Photography, n’est pas un genre photographique. Elle désigne avant tout un lieu de prédilection que partagent des photographes aussi différents qu’Eugène Atget, Weegee, Diane Arbus ou Robert Doisneau. La rue sert de toile de fond à des scènes d’humeur, de rixes, de cauchemar ou de tranquillité que ceux qui savent voir vont chercher le plus souvent au fond d’eux-mêmes.
Marie Noëlle Taine a tenté de recomposer cette trame propice à des évènements en tous genres en ne s’intéressant qu’aux aléas de la lumière qui dépeignent un décor abstrait où les aplats de couleur se détachent de zones d’ombre qui les mettent en évidence. On a l’impression que l’harmonie qui unit la couleur du ciel et celle des murs de la ville est un épisode éphémère recueilli à l’instant infinitésimal du déclenchement de l’obturateur, et qu’avant ou après l’instantané, un autre ordre, celui du banal, investit la quotidienneté ainsi surprise par la photographie.
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AILLEURS – Du 19 mars au 30 avril 2013

Hervé Guibert - Le rêve du désert © Galerie Agathe Gaillard

Hervé Guibert – Le rêve du désert
© Galerie Agathe Gaillard

Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, ailleurs est un adverbe de lieu désignant un endroit quelconque et indéfini à l’exclusion du lieu où se trouve le locuteur, du lieu envisagé par lui ou du lieu suggéré par le contexte. Dans un autre lieu. Autre part. L’ailleurs par définition est vague. Il n’est ni ici, ni là. Et pourtant.

Voici douze photographes qui proposent leur ailleurs, non pas dans le texte ou dans la langue, mais dans une géographie physique transformée par le regard, dans un espace imaginé ou fantasmé, dans un temps différé. Il faut ainsi se déplacer, se transporter en même temps que les images afin d’y pénétrer. On prend alors le risque d’atteindre une connaissance intime de lieux qui ne sont ni identifiés ni nommés. Ce sont des fragments du monde connu ou inconnu que les photographes explorent, interrogeant l’altérité mais aussi l’identité, le différent et le semblable. L’on s’aperçoit alors que ailleurs peut se révéler étonnement proche et absolument autre, concret et abstrait, présent et absent, dépouillé et complexe, qu’il ne se laisse pas saisir ainsi, que l’approcher requiert notre attention et même notre empathie, surtout lorsqu’il résiste. Ailleurs est dans une distance propre à chacun des photographes et aussi dans la relation qu’il y instaure. Parfois il suffit d’un pas de côté, d’un autre angle. Ni ici, ni là ? Pas toujours loin.
Marie Noëlle TAINE

Robert Abraham
Philippe Accary
Pierre Bonetto
Christophe Boulard
Hervé Guibert
Samuel Mailliot
Pascal Michalon
Patricio Michelin
Julien Minard
Noël Podevigne
Robert Pujade
Marie Noëlle Taine

« Le rêve du désert », photographie d’Hervé Guibert, © Galerie Agathe Gaillard

Volkmar HERRE

Si, sans ambiguïté, les images de Volkmar HERRE peuvent être qualifiées de « Paysages » et ainsi appartenir à cette grande catégorie de l’expression artistique, on se rend très vite compte qu’elles sont habitées par une certaine étrangeté, dont on ne perçoit pas, au premier coup d’œil, la nature.

À la netteté sans faille de certains éléments, s’opposent  un voile, une incertitude, qui brouillent la perception d’autres parties du paysage. La raison de cette étrangeté réside dans le mode opératoire choisi par l’auteur : le STENOPE /CAMERA OBSCURA.
On ne peut faire plus simple qu’un sténopé : c’est une simple boite noire percée d’un trou minuscule…

Nous sommes ici aux racines mêmes de la discipline, dans un retour aux fondements originels de l’image photographique. Photographier, c’est écrire avec la lumière, nous dit l’étymologie.
Mais le recours à ce procédé ne constitue pas seulement pour Volkmar HERRE un choix technique, il s’agit avant tout d’un choix esthétique, d’un mode de vision, d’une autre appréhension du monde.
Parce que le sténopé exige de très longs temps de pose (près d’une demi-heure, parfois plus) pour que la lumière arrive à créer une image, nous nous trouvons soudain confrontés à une dimension totalement nouvelle. À l’image couramment admise de l’instantanéité photographique succèdent un entassement, une stratification continue du temps. Apparait ainsi la notion déroutante de « la durée d’un instant » : un temps entassé, fondu en lui-même. On peut dire que par certains aspects, les photographies de M. HERRE sont une écriture du temps…
Ces très longs temps de pose, outre qu’ils requièrent un protocole très rigoureux d’immobilité pendant la prise de vue, nous donnent accès à des régimes de visibilité très différenciés.
Ici l’invisible côtoie le visible, les rochers et les troncs d’arbre, les montagnes et les falaises structurent les paysages pendant que s’installe, dans un registre vaporeux, tout un voile de réalité advenue mais non perceptible : le mouvement des vagues, le vent dans les petites branches des arbres, la course des nuages dans le ciel. Ainsi est présente dans ces images toute une succession de possibles, une somme de probabilités que nos yeux ne peuvent enregistrer. Nous voici en plein territoire de la poésie, du rêve éveillé. Derrière le visible se profilent des strates de réalité cachée, nous accédons au monde fantastique de l’imaginaire.
Une autre dimension sensorielle de ces photographies est l’immense silence qui semble les envelopper toutes. Nous pouvons sans peine imaginer le mouvement des vagues, sentir la caresse du vent mais, bizarrement, nous ne pouvons les entendre… L’auteur, pleinement conscient de cette dimension a titré une de ces séries « Mer de Silence », regroupant ainsi la référence à la mer source de toute vie, et le paradoxe d’une vie devenue totalement silencieuse.
Ce travail est profondément marqué par la volonté du photographe de se situer au plus près de la nature, au cœur de la vie végétale et minérale. Le règne animal n’étant présent ici qu’en une de ces probabilités évoquées plus haut ou bien par des métamorphoses rendues visibles par l’œil de l’artiste : arbre-cygne, arbre-femme … captées en leur lenteur, une lenteur qui constitue la seule possibilité d’existence dans le temps singulier de ce mode de photographie. Ces images n’ont pu naitre que d’un long travail (encore une fois la dimension temporelle s’avère essentielle à la lecture de l’œuvre) d’une observation très attentive des formes et de la façon dont la lumière les modèle. Cette empathie avec la nature était déjà à la source des travaux antérieurs du photographe, travaux qui magnifiaient la sensualité des formes en leur plénitude de vie. Le travail actuel avec la camera obscura s’inscrit dans un registre plus spirituel, plus intemporel aussi. Pour réaliser de telles images il a fallu beaucoup d’attention, une observation minutieuse mais aussi une certaine forme d’humilité (on ne commande rien à la nature) en même temps que de l’obstination et du courage. Il en faut en effet pour affronter au quotidien le principe d’incertitude qui règne en maître sur ce mode de réalisation : rien n’est jamais certain, les aléas d’une météo capricieuse peuvent ruiner à tout moment  le travail d’une journée entière. C’est un travail de lente maturation. Il faut imaginer le processus entier : observer, choisir  au-delà du visible, imaginer l’image en train de se former lentement pour déterminer par la force de l’expérience et de la concentration le cadrage à venir (il n’y a pas de viseur sur un sténopé !!!), accomplir le rituel de l’installation du pied, de l’évaluation du temps à accorder à la lumière, avant d’enfin, ouvrir le volet sur le trou minuscule, s’abandonner ainsi au temps et attendre… pour, bien plus tard, découvrir, peut-être, au-delà ce qu’on avait imaginé, la trace de ce que l’on avait pressenti.
Les multiples aspects de ce travail sont comparables à la genèse d’un arbre : la lenteur de la croissance, en permanence affectée par de multiples forces physiques et chimiques, la survenue des orages et des tempêtes, les conditions d’exposition à la lumière, le voisinage des éléments inscrivent l’arbre dans un registre de visibilité mouvant, passant de la plénitude et de la sensualité des formes de la jeunesse à des formes plus obscures, puis s’acheminant vers la disparition, la lente décomposition de la forme en éléments essentiels, carbone, oxygène qui alimenteront l’incessante activité de la nature.
Ce travail propose également une vision remarquable du paysage, non plus identifié comme un locus typicus, descriptif et borné, mais comme un emblème, une somme du « paysage lui-même » : transcendant le lieu et le temps. Il suppose de la part de l’artiste une persévérance absolue alliée à une audace permanente, celle de remettre en cause, à chaque fois, soi-même et l’ensemble du travail. On rejoint en cela la devise d’un autre grand maître de la photographie, Arno Rafael Minkkinen : Art is risk made visible

Il faut maintenant revenir aux images, elles vous appartiennent, à vous spectateurs ; les histoires que vous bâtirez sur elles seront empreintes de vos propres vies, elles vous seront personnelles. Seront-elles ou  non différentes des intentions premières de l’auteur ? peu importe, elle seront nées de son travail…
… et c’est ici que réside toute la magie de la photographie !

Noël Podevigne

Lucile Vareilles « Dit ist mein Berlin » – Du 15 novembre 2011 au 20 décembre 2011

Berlin Automne hiver 2007 2008. Tout commence ici. Une rencontre. Emile. Un  compagnon de questionnement et d’errance….

Perdus dans cette ville, de l’infiniment grand, de l’infiniment plat, du froid, on marche, on discute, on s’interrroge et on découvre cet endroit dont on parle tant…Errer et photographier tous ces paysages urbains. Traverser ces rues, s’envahir de ces murs, de ces affiches, de ces couleurs, de ces formes, de ces textures, de ces matières, de ces lieux. Comme un simple souvenir, comme une trace de notre passage, comme pour capturer ce qui nous semble différent ici ou avoir le sentiment de faire partie de ce monde, de cette ville, être acteur.

Bernard Lesaing « Noir e(s)t Lumière » – Du 18 novembre 2010 au 16 décembre 2010

Après trois années de reportage au cœur de l’école taurine d’Arles, Bernard Lesaing nous livre un récit sensible et passionné sur cette histoire populaire et sur ce lieu d’enseignement si singulier. Une série de photographies en noir et blanc argentique entre portraits et scènes de vie, en piste ou en coulisses. Continuer la lecture