Marguerite Rouan, Il me reste un papillon dans le ventre – PROLONGATIONS

du 30 janvier au 15 avril 2024

L'exposition est prolongée jusqu'au 5 avril 2024 !

L’exposition

Comment les objets quotidiens ont-ils intégré nos existences ? Jusqu’à quel point l’imagerie médiatique populaire influe-t-elle sur nos croyances et nos identités ? Si ces productions de masse ont à coup sûr rencontré nos nécessités pratiques et affectives, l’intérêt de Marguerite Rouan à leur endroit réside aussi dans leur mode de fabrication et dans leur diffusion : ils portent le récit d’une réalité économique globalisée avec les terribles dérégulations morales et sociales qui l’accompagnent. Ils marquent aussi l’omniprésence du commerce, qui rattrape nos vies intimes, et que l’artiste appelle le « capitalisme sentimental ».

Cette culture populaire, la plupart du temps délégitimée par l’institution culturelle, constitue la ressource de Marguerite Rouan. L’objet de consommation, l’imagerie médiatique et sa diffusion deviennent les symboles universels des passions humaines dans ses photographies traversées par la dérision et l’humour. Pour incarner des sentiments – ici la tristesse – rien de moins qu’une nature morte au cœur de bœuf transpercé d’un couteau, dans un diptyque reprenant les codes de la peinture classique. Pour venger les victimes de slut shaming, elle imprime des images comestibles représentant les auteurs du lynchage médiatique ; le public est invité à avaler les indésirables dans une communion anthropophage. Pour rappeler l’absurdité (et parfois la violence) du langage amoureux imprégné d’abréviations SMS, elle imprime des TKT et des JTM sur des mouchoirs apotropaïques.

Par la simple présentation d’objets ordinaires, Marguerite Rouan soulève de nombreux enjeux, notamment ceux du pouvoir qui sous-tend les pratiques culturelles – ce qu’elle confirme en se réclamant des cultural studies. Chaque œuvre comprend de multiples niveaux de lecture : reprise critique de styles, valorisation d’une culture populaire, dévoilement des systèmes de  domination, mise en évidence des liens entre individuel et universel… construisant une œuvre critique appuyée sur la force des sous-cultures.

L’artiste

Marguerite Rouan est née en 1996 aux Lilas. Elle vit et travaille à Lyon. Elle est résidente aux ateliers du CAP Saint-Fons depuis décembre 2023.

Diplômée des beaux-arts de Lyon en 2022, elle utilise différents médiums tels que la photographie, la vidéo et la fabrication d’objets pour interroger la représentation des sentiments à travers des symboles communs. En s’appuyant sur les Cultural Studies, elle explore le langage symbolique des objets sentimentaux de la culture mainstream contemporaine. Sa démarche artistique repose sur la rencontre avec des objets ou des images collectés. Son travail cherche à susciter une réflexion sur la connexion entre nos expériences individuelles et la mémoire collective.